Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Lun 13 Fév 2017 - 22:33
Tu commences antisémite, tu deviens islamiste radical et tu finis pendu à un noeud coulant
En plus dans Traditions, il me semble que j'ai mis un livre de Muhammad ibn Abd-al Wahhab (fondateur du wahhabisme comme son nom l'indique) ça craint haha
Petit Eclair
RBien d'élite
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Lun 13 Fév 2017 - 22:39
Mais c'est pas Charlie tout ça monsieur !
Shotgun
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mar 14 Fév 2017 - 2:38
.:: CàmisOle ::. a écrit:
C'est une bonne question.
Je serais tenté de dire que ça dépend d'abord des connaissances que tu as des philosophes antiques et des textes religieux (La Palice es-tu là ? )
Après comme tu as dit à hacheur que tu n'avais pas d'attentes ou de but particulier si ce n'est de suivre, d'une certaine manière, le mouvement chronologique ou naturel de la pensée humaine (au moins des + ou - 6000 ans qui nous précèdent), je pense effectivement que Guénon est une des meilleures façons d'y parvenir ; cela dit, le côté très synthétique de son œuvre peut avoir un côté assez frustrant par certains aspects, en tout cas pour moi car je suis relativement inculte, ce qui n'est pas tout-à-fait ton cas ; du coup quand il fait référence aux Pythagoriciens ou à Aristote par exemple, je comprends rarement de quoi il parle précisément, donc ce côté synthétique ne sera pas nécessairement un obstacle pour toi car je crois que tu as un esprit analytique - et une certaine culture philosophique et historique - qui te permettront de comprendre sa synthèse alors que pour ma part, j'ai, si on peut dire, un esprit analytique partiel et un esprit synthétique partiel également, ce qui fait que je passe sûrement à côté de beaucoup de choses, bien que ça tend à s'arranger. Cette petite parenthèse faite, je pense sincèrement que oui, ça peut t'être bénéfique, pour toi tout particulièrement (j'en parlerais pas autant sinon, même si c'est pas la raison principale évidemment). Mais bien sûr, quelles que soient les bases que tu as dans ces deux domaines précis (même si ça en englobe d'autres), il faudra nécessairement croiser la lecture de Guénon avec d'autres en parallèle, soit pour peaufiner tes connaissances sur des sujets qui te sont déjà familiers, soit pour les découvrir, entrevoir puis comprendre à quoi il fait référence ; car comme je l'avais dit à l'époque, je trouve qu'on se sent vraiment très ignorant quand on le lit (et de fait on l'est de toutes façons) ; et puis il y a plusieurs degrés de compréhension de son œuvre comme me l'avait suggéré killa et à mesure qu'on le lit et qu'on lit et comprend d'autres choses en parallèle, une relecture n'est jamais inutile (d'ailleurs j'ai relu La crise du monde moderne récemment et je l'ai pas du tout reçu comme à la première lecture, j'ai pris une vraie claque cette fois et pourtant je pensais déjà en avoir pris une bonne à l'époque haha).
Après, comme tu t'en doutes, c'est surtout l'aspect esotérique/symbolique/métaphysique qui m'intéresse chez lui car de ce point de vue, je trouve qu'il est juste incroyable et parce ça a une résonnance particulière en moi pour des raisons qui m'échappent encore et qui n'ont rien à voir avec un conditionnement psychologique particulier comme certains aiment le croire (même si c'est le cas dans une certaine mesure) ; donc je ne sais pas si pour ta part, tu seras sensible à cet aspect qui est très présent dans ses travaux, mais je te le souhaite car ça peut vraiment changer notre vision des choses en profondeur (et je dis ça tout en sachant que j'ai pas 0,00000001% de connaissance pure ou métaphysique) et même si tu as déjà l'air d'avoir un regard assez "distancié" sur les choses, ses écrits nous font vraiment prendre de la hauteur même si, dans le même temps, elle nous fait aussi prendre conscience qu'on est tombé bien bas ^^
Par ailleurs, même si je l'avais déjà dit, lire Coomaraswany et Evola en complément de Guénon serait bienvenu car ils ont vraiment des parcours très différents et très complémentaires ; du coup, le fait de les voir se retrouver sur beaucoup de sujets cruciaux me semble intéressant, et du fait de s'intéresser à leur parcours, à leurs prises de positions respectives etc, on arrive à comprendre d'où viennent leurs divergences, surtout pour ce qui est de Guénon et Evola car Coomaraswany je ne connais pas encore assez pour en juger
Enfin voilà, c'est un peu long et décousu, tout ça pour dire que oui, je crois vraiment que ça te serait d'une grande aide de lire (ne serait-ce que sur le plan de la "culture" et en dehors de toutes considérations d'ordres supérieurs) !
J'espère que ça aura quand même répondu à ta question car on a tous une approche différente de ce qu'on lit, des attentes ou plutôt des aspirations ou certaines inclinations naturelles différentes, donc c'est pas forcément évident de jauger dans quelle mesure ce qui nous touche nous, touchera les autres dans les mêmes proportions ou au même niveau.
Merci beaucoup, yep ça a bien répondu à ma question, je vais m'y pencher dès que j'aurais assez d'argent pour choper en masse ses bouquins alors Même si je sais pas vraiment par où commencer vu que tu as il y a peu "réfuté" le premier ordre de lecture que tu avais donné haha, je devrais m'en sortir quand même !
Kanul
RBien actif
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mar 14 Fév 2017 - 6:26
.:: CàmisOle ::. a écrit:
Tu commences antisémite, tu deviens islamiste radical et tu finis pendu à un noeud coulant
En plus dans Traditions, il me semble que j'ai mis un livre de Muhammad ibn Abd-al Wahhab (fondateur du wahhabisme comme son nom l'indique) ça craint haha
Le pire c'est que c'est encore une fois criant de vérité. Tu es antisémite, pro-islam, et dépressif. Putain. Haha. La présence de Mein Kampf suivi d'un livre sur les vérités du Coran suivi d'un guide pratique pour les nœuds. On ne peut pas l'inventer. Il n'y a pas de hasard. C'est trop beau. Ce dégénéré a quand même Mein Kampf sur son téléphone. Tout est dit. Arrête tes conneries, Jean-Baptiste. A quel moment c'est parti en vrille dans ta tête ?
Tu penses un peu à tes parents quand ils discutent avec leurs amis ? «Il fait quoi toi ton fils ?» «Ah ben il est entré en fac de droit là il a une petite copine, des amis, une vie épanouie, tout va bien... Et le tien ?» «Euh... Il s'est encore enfermé dans sa chambre dans le noir, il lit Mein Kampf sur son téléphone...» «Oh...» «Oui. Et c'est pas tout. Des fois il fait des prières, il baragouine des mots en arabe, il fait des expériences ésotériques et métaphysiques.» «Non tu déconnes ?» «Si je te jure. Quand on le croise il ne dit même plus bonjour : il fait des saluts nazis. Quand on essaie de lui parler, il nous rétorque des citations d'un certain Guénon et nous traite d'incultes et de beaufs hanounardesques ! Une fois Jean-Marc buvait un coca-cola et Baptiste a piqué une crise en lui reprochant de boire une boisson sioniste et illuminati. On ne le reconnait plus.» «Roh ben merde, il a bien changé Baptiste.»
https://www.youtube.com/watch?v=8iLI0z7VY6M
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mar 14 Fév 2017 - 10:22
Shotgun a écrit:
.:: CàmisOle ::. a écrit:
C'est une bonne question.
Je serais tenté de dire que ça dépend d'abord des connaissances que tu as des philosophes antiques et des textes religieux (La Palice es-tu là ? )
Après comme tu as dit à hacheur que tu n'avais pas d'attentes ou de but particulier si ce n'est de suivre, d'une certaine manière, le mouvement chronologique ou naturel de la pensée humaine (au moins des + ou - 6000 ans qui nous précèdent), je pense effectivement que Guénon est une des meilleures façons d'y parvenir ; cela dit, le côté très synthétique de son œuvre peut avoir un côté assez frustrant par certains aspects, en tout cas pour moi car je suis relativement inculte, ce qui n'est pas tout-à-fait ton cas ; du coup quand il fait référence aux Pythagoriciens ou à Aristote par exemple, je comprends rarement de quoi il parle précisément, donc ce côté synthétique ne sera pas nécessairement un obstacle pour toi car je crois que tu as un esprit analytique - et une certaine culture philosophique et historique - qui te permettront de comprendre sa synthèse alors que pour ma part, j'ai, si on peut dire, un esprit analytique partiel et un esprit synthétique partiel également, ce qui fait que je passe sûrement à côté de beaucoup de choses, bien que ça tend à s'arranger. Cette petite parenthèse faite, je pense sincèrement que oui, ça peut t'être bénéfique, pour toi tout particulièrement (j'en parlerais pas autant sinon, même si c'est pas la raison principale évidemment). Mais bien sûr, quelles que soient les bases que tu as dans ces deux domaines précis (même si ça en englobe d'autres), il faudra nécessairement croiser la lecture de Guénon avec d'autres en parallèle, soit pour peaufiner tes connaissances sur des sujets qui te sont déjà familiers, soit pour les découvrir, entrevoir puis comprendre à quoi il fait référence ; car comme je l'avais dit à l'époque, je trouve qu'on se sent vraiment très ignorant quand on le lit (et de fait on l'est de toutes façons) ; et puis il y a plusieurs degrés de compréhension de son œuvre comme me l'avait suggéré killa et à mesure qu'on le lit et qu'on lit et comprend d'autres choses en parallèle, une relecture n'est jamais inutile (d'ailleurs j'ai relu La crise du monde moderne récemment et je l'ai pas du tout reçu comme à la première lecture, j'ai pris une vraie claque cette fois et pourtant je pensais déjà en avoir pris une bonne à l'époque haha).
Après, comme tu t'en doutes, c'est surtout l'aspect esotérique/symbolique/métaphysique qui m'intéresse chez lui car de ce point de vue, je trouve qu'il est juste incroyable et parce ça a une résonnance particulière en moi pour des raisons qui m'échappent encore et qui n'ont rien à voir avec un conditionnement psychologique particulier comme certains aiment le croire (même si c'est le cas dans une certaine mesure) ; donc je ne sais pas si pour ta part, tu seras sensible à cet aspect qui est très présent dans ses travaux, mais je te le souhaite car ça peut vraiment changer notre vision des choses en profondeur (et je dis ça tout en sachant que j'ai pas 0,00000001% de connaissance pure ou métaphysique) et même si tu as déjà l'air d'avoir un regard assez "distancié" sur les choses, ses écrits nous font vraiment prendre de la hauteur même si, dans le même temps, elle nous fait aussi prendre conscience qu'on est tombé bien bas ^^
Par ailleurs, même si je l'avais déjà dit, lire Coomaraswany et Evola en complément de Guénon serait bienvenu car ils ont vraiment des parcours très différents et très complémentaires ; du coup, le fait de les voir se retrouver sur beaucoup de sujets cruciaux me semble intéressant, et du fait de s'intéresser à leur parcours, à leurs prises de positions respectives etc, on arrive à comprendre d'où viennent leurs divergences, surtout pour ce qui est de Guénon et Evola car Coomaraswany je ne connais pas encore assez pour en juger
Enfin voilà, c'est un peu long et décousu, tout ça pour dire que oui, je crois vraiment que ça te serait d'une grande aide de lire (ne serait-ce que sur le plan de la "culture" et en dehors de toutes considérations d'ordres supérieurs) !
J'espère que ça aura quand même répondu à ta question car on a tous une approche différente de ce qu'on lit, des attentes ou plutôt des aspirations ou certaines inclinations naturelles différentes, donc c'est pas forcément évident de jauger dans quelle mesure ce qui nous touche nous, touchera les autres dans les mêmes proportions ou au même niveau.
Merci beaucoup, yep ça a bien répondu à ma question, je vais m'y pencher dès que j'aurais assez d'argent pour choper en masse ses bouquins alors Même si je sais pas vraiment par où commencer vu que tu as il y a peu "réfuté" le premier ordre de lecture que tu avais donné haha, je devrais m'en sortir quand même !
Yes. De toutes façons comme la plupart des auteurs je pense que la meilleure façon de le lire, dans un premier temps au moins, c'est de le lire chronologiquement.
Ensuite je te conseillerai d'éviter les éditions Vega/Guy Tredaniel, même si la qualité du papier est excellente, malheureusement il y a souvent des problèmes d'impression qui gênent pas mal la lecture parfois, c'est un peu dommage ; préfère Gallimard, il me semble que tout ces livres mal édités chez Guy Tredaniel, sont mieux édités ailleurs de toutes façons.
Aussi, j'en avais déjà parlé mais son Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues est excellente ; de l'avis de personnes qui avaient déjà un certain niveau sur ces questions mais qui n'avaient jamais lu autre chose sur le sujet que les travaux des orientalistes "officiels", Guénon a fourni le meilleur travail en Europe (et peut être même en Occident) et en français. D'ailleurs le titre est un peu trompeur car c'est bien plus qu'une introduction en réalité (j'ai zappé le nom de l'éditeur mais la meilleure version c'est un livre blanc cassé et rouge, il coûte 19€)
Et pour La métaphysique orientale, je pense que tu aurais meilleur compte de le trouver en PDF et de l'imprimer car il est vendu 15-20€ pour une quinzaine de pages donc ça fait cher quand même.
Enfin, pour le reste je te laisse te renseigner par toi-même, t'as pas besoin de moi
Petit Eclair
RBien d'élite
Messages : 2831 Age : 29 Date d'inscription : 17/01/2014
Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mar 14 Fév 2017 - 23:32
Kanul a écrit:
.:: CàmisOle ::. a écrit:
Tu commences antisémite, tu deviens islamiste radical et tu finis pendu à un noeud coulant
En plus dans Traditions, il me semble que j'ai mis un livre de Muhammad ibn Abd-al Wahhab (fondateur du wahhabisme comme son nom l'indique) ça craint haha
Le pire c'est que c'est encore une fois criant de vérité. Tu es antisémite, pro-islam, et dépressif. Putain. Haha.
Pour sa défense, il y a aussi des livres liés à la nature/agriculture (permaculture, revivre à la campagne, calendrier fruit et légumes...). Du coup Nazi dépressif, oui, mais aussi jardinier C'est déjà plus sympa non ?
Invité
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mer 15 Fév 2017 - 9:41
Oui mais : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Zyklon_B donc planter des choux et gazer des Juifs - puis les brûler - peuvent être deux activités assez complémentaire finalement
Les cendres sont un très bon engrais en plus !
Petit Eclair
RBien d'élite
Messages : 2831 Age : 29 Date d'inscription : 17/01/2014
Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Mer 15 Fév 2017 - 20:56
ah désolé là je peux plus t'aider et te défendre https://www.youtube.com/watch?v=Kj0GOiYY01M
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Dim 5 Mar 2017 - 16:52
La langue des Oiseaux.
(« Par ceux qui sont rangés en ordre, Et qui chassent en repoussant, Et qui récitent l’invocation… ») (Qur’ān, XXXVII, 1-3.)
Il est souvent question, dans diverses traditions, d’un langage mystérieux appelé « langue des oiseaux » : désignation évidemment symbolique, car l’importance même qui est attribuée à la connaissance de ce langage, comme prérogative d’une haute initiation, ne permet pas de la prendre littéralement. C’est ainsi qu’on lit dans le Qur’ān : « Et Salomon fut l’héritier de David ; et il dit : O hommes ! nous avons été instruit du langage des oiseaux [‘ullimna mantiqat-tayri] et comblé de toutes choses… » (XXVII, 15.) Ailleurs, on voit des héros vainqueurs du dragon, comme Siegfried dans la légende nordique, comprendre aussitôt le langage des oiseaux ; et ceci permet d’interpréter aisément le symbolisme dont il s’agit. En effet, la victoire sur le dragon a pour conséquence immédiate la conquête de l’immortalité, figurée par quelque objet dont ce dragon défendait l’approche ; et cette conquête de l’immortalité implique essentiellement la réintégration au centre de l’état humain, c’est-à-dire au point où s’établit la communication avec les états supérieurs de l’être. C’est cette communication qui est représentée par la compréhension du langage des oiseaux ; et, en fait, les oiseaux sont pris fréquemment comme symbole des anges, c’est-à-dire précisément des états supérieurs. Nous avons eu l’occasion de citer ailleurs[2] la parabole évangélique où il est question, en ce sens, des « oiseaux du ciel » qui viennent se reposer sur les branches de l’arbre, de ce même arbre qui représente l’axe passant par le centre de chaque état d’être et reliant tous les états entre eux.[3] Dans le texte qur’ānique que nous avons reproduit ci-dessus, le terme aç-çāffāt est considéré comme désignant littéralement les oiseaux, mais comme s’appliquant symboliquement aux anges (al-malā’ikah) ; et ainsi le premier verset signifie la constitution des hiérarchies célestes ou spirituelles.[4] Le second verset exprime la lutte des anges contre les démons, des puissances célestes contre les puissances infernales, c’est-à-dire l’opposition des états supérieurs et des états inférieurs[5] ; c’est, dans la tradition hindoue, la lutte des Dēvas contre les Asuras, et aussi, suivant un symbolisme tout à fait semblable à celui auquel nous avons affaire ici, le combat du Garuda contre le Nāga, dans lequel nous retrouvons du reste le serpent ou le dragon dont il a été question tout à l’heure ; le Garuda est l’aigle, et, ailleurs, il est remplacé par d’autres oiseaux tels que l’ibis, la cigogne, le héron, tous ennemis, et destructeurs des reptiles.[6] Enfin, dans le troisième verset, on voit les anges récitant le dhikr, ce qui, dans l’interprétation la plus habituelle, est considéré comme devant s’entendre de la récitation du Qur’ān, non pas, bien entendu, du Qur’ān exprimé en langage humain, mais de son prototype éternel inscrit sur la « table gardée » (al-lawhu-l-mahfūz), qui s’étend des cieux à la terre comme l’échelle de Jacob, donc à travers tous les degrés de l’Existence universelle.[7] De même, dans la tradition hindoue, il est dit que les Dēvas, dans leur lutte contre les Asuras, se protégèrent (achhan dayan) par la récitation des hymnes du Vēda, et que c’est pour cette raison que les hymnes reçurent le nom de chhandas, mot qui désigne proprement le « rythme ». La même idée est d’ailleurs contenue dans le mot dhikr, qui, dans l’ésotérisme islamique, s’applique à des formules rythmées correspondant exactement aux mantras hindous, formules dont la répétition a pour but de produire une harmonisation des divers éléments de l’être, et de déterminer des vibrations susceptibles, par leur répercussion à travers la série des états, en hiérarchie indéfinie, d’ouvrir une communication avec les états supérieurs, ce qui est d’ailleurs, d’une façon générale, la raison d’être essentielle et primordiale de tous les rites. Nous sommes ainsi ramené directement, comme on le voit, à ce que nous disions au début sur la « langue des oiseaux » que nous pouvons appeler aussi « langue angélique », et dont l’image dans le monde humain est le langage rythmé, car c’est sur la « science du rythme », qui comporte d’ailleurs de multiples applications, que se basent en définitive tous les moyens qui peuvent être mis en œuvre pour entrer en communication avec les états supérieurs. C’est pourquoi une tradition islamique dit qu’Adam, dans le Paradis terrestre, parlait en vers, c’est-à-dire en langage rythmé ; il s’agit ici de cette « langue syriaque » (lughah sūryāniyah) dont nous avons parlé dans notre précédente étude sur la « science des lettres »,[8] et qui doit être regardée comme traduisant directement 1’« illumination solaire » et « angélique » telle qu’elle se manifeste au centre de l’état humain. C’est aussi pourquoi les Livres sacrés sont écrits en langage rythmé, ce qui, on le voit, en fait tout autre chose que les simples « poèmes » au sens purement profane que veut y voir le parti pris antitraditionnel des « critiques » modernes ; et d’ailleurs la poésie, originairement, n’était point cette vaine « littérature » qu’elle est devenue par une dégénérescence qu’explique la marche descendante du cycle humain, et elle avait un véritable caractère sacré.[9] On peut en retrouver les traces jusqu’à l’antiquité occidentale classique, où la poésie était encore appelée « langue des Dieux », expression équivalente à celles que nous avons indiquées puisque les « Dieux », c’est-à-dire les Dēvas,[10] sont, comme les anges, la représentation des états supérieurs. En latin, les vers étaient appelés carmina, désignation qui se rapportait à leur usage dans l’accomplissement des rites, car le mot carmen est identique au sanscrit Karma, qui doit être pris ici dans son sens spécial d’« action rituelle »[11] ; et le poète lui-même, interprète de la « langue sacrée » à travers laquelle transparaît Le Verbe divin, était vates, mot qui le caractérisait comme doué d’une inspiration en quelque sorte prophétique. Plus tard, par une autre dégénérescence, le vates ne fut plus qu’un vulgaire « devin »[12] et le carmen (d’où le mot français « charme ») un « enchantement », c’est-à-dire une opération de basse magie ; c’est là encore un exemple du fait que la magie, voire même la sorcellerie, est ce qui subsiste comme dernier vestige des traditions disparues.[13] Ces quelques indications suffiront, pensons-nous, à montrer combien ont tort ceux qui se moquent des récits où il est question de la « langue des oiseaux » ; il est vraiment trop facile et trop simple de traiter dédaigneusement de « superstitions » tout ce qu’on ne comprend pas ; mais les anciens, eux, savaient fort bien ce qu’ils disaient quand ils employaient le langage symbolique. La véritable « superstition », au sens strictement étymologique (quod superstat), c’est ce qui se survit à soi-même, c’est-à-dire, en un mot, la « lettre morte » ; mais cette conservation même, si peu digne d’intérêt qu’elle puisse sembler, n’est pourtant pas chose si méprisable, car l’esprit, qui « souffle où il veut » et quand il veut, peut toujours venir revivifier les symboles et les rites, et leur restituer, avec leur sens perdu, la plénitude de leur vertu originelle.
________________________
[1] [René Guénon, Symboles de la Science sacrée, coll. « Tradition », Éditions Gallimard, 1962, ch. VII.] [2] L’Homme et son devenir selon le Vēdanta, ch. III. [3] Dans le symbole médiéval du Peridexion (corruption de Paradision), on voit les oiseaux sur les branches de l’arbre et le dragon à son pied (voir Le Symbolisme de la Croix, ch. IX). – Dans une étude sur le symbolisme de l’« oiseau de paradis » (Le Rayonnement intellectuel, mai-juin 1930), M. L. Charbonneau-Lassay a reproduit une sculpture où cet oiseau est figuré avec seulement une tête et des ailes, forme sous laquelle sont souvent représentés les anges [cf. Le Bestiaire du Christ, ch. LVI, p. 425]. [4] Le terme çaff, « rang », est un de ceux, d’ailleurs nombreux, dans lesquels certains ont voulu trouver l’origine des termes çūfī et taçawwof ; bien que cette dérivation ne semble pas acceptable au point de vue purement linguistique, il n’en est pas moins vrai que, de même que plusieurs autres du même genre, elle représente une des idées contenues réellement dans ces termes, car les « hiérarchies spirituelles » s’identifient essentiellement aux degrés de l’initiation. [5] Cette opposition se traduit en tout être par celle des deux tendances ascendante et descendante, appelées sattwa et tamas par la doctrine hindoue. C’est aussi ce que le Mazdéisme symbolise par l’antagonisme de la lumière et des ténèbres, personnifiées respectivement en Ormuzd et Ahriman.
6] Voir, à ce sujet, les remarquables travaux de M. Charbonneau-Lassay sur les symboles animaux du Christ [cf. Le Bestiaire du Christ]. Il importe de remarquer que l’opposition symbolique de l’oiseau et du serpent ne s’applique que lorsque ce dernier est envisagé sous son aspect maléfique ; au contraire, sous son aspect bénéfique, il s’unit parfois à l’oiseau, comme dans la figure du Quetzalcohuatl des anciennes traditions américaines ; par ailleurs, on retrouve aussi au Mexique le combat de l’aigle contre le serpent. On peut, pour le cas de l’association de l’oiseau et du serpent, rappeler le texte évangélique : « Soyez doux comme des colombes et prudents comme des serpents » (Saint Matthieu, X, 16). [7] Sur le symbolisme du Livre, auquel ceci se rapporte directement, voir Le Symbolisme de la Croix, ch. XIV. [8] [Voir Symboles de la Science sacrée, ch. VI.] [9] On peut dire d’ailleurs, d’une façon générale, que les arts et les sciences ne sont devenus profanes que par une telle dégénérescence, qui les a dépouillés de leur caractère traditionnel et, par suite, de toute signification d’ordre supérieur ; nous nous sommes expliqué sur ce sujet dans L’Ésotérisme de Dante, ch. II, et La Crise du monde moderne, ch. IV [voir également Le Règne de la quantité et les signes des temps, ch. VIII]. [10] Le sanscrit Dēva et le latin Deus ne sont qu’un seul et même mot. [11] Le mot « poésie » dérive aussi du verbe grec poiein, qui a la même signification que la racine sanscrite Kri, d’où vient Karma, et qui se retrouve dans le verbe latin creare entendu dans son acception primitive ; à l’origine, il s’agissait de tout autre chose que de la simple production d’une œuvre artistique ou littéraire, au sens profane qu’Aristote semble avoir uniquement en vue en parlant de ce qu’il a appelé « sciences poétiques ». [12] Le mot « devin » lui-même n’est pas moins dévié de son sens, car étymologiquement, il n’est pas autre chose que divinus, signifiant ici « interprète des dieux ». Les « auspices » (de aves spicere, « observer les oiseaux »), présages tirés du vol et du chant des oiseaux, sont plus spécialement à rapprocher de la « langue des oiseaux »‚ entendue alors au sens le plus matériel, mais pourtant identifiée encore à la « langue des dieux » puisque ceux-ci étaient regardés comme manifestant leur volonté par ces présages et les oiseaux jouaient ainsi un rôle de « messagers » analogue à celui qui est généralement attribué aux anges (d’où leur nom même, puisque c’est là précisément le sens propre du mot grec angelos), bien que pris sous un aspect très inférieur. [13] [Sur cette question des origines de la magie et de la sorcellerie, voir Symboles de la Science sacrée, ch. XIX : Sheth, l’alinéa final.].
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Sujet: Re: Cyclologie traditionnelle et fin du Kali Yuga Dim 5 Mar 2017 - 17:01