L'interprétation de l'Église catholique
L’Église a tenu jusqu’au tournant des années 1950 un discours rivé sur une interprétation littérale du livre de la Genèse. L’Église enseignait que la littérature biblique racontait la création de l’Univers en six jours. Son opposition s’adressait aux propositions du chercheur anglais Charles Darwin qui a proposé la théorie de l’évolution des espèces. Cette théorie apparue au XIXe siècle décrit le processus par lequel les espèces se modifient au cours du temps et donnent naissance à de nouvelles espèces.
Le pape Léon XIII (1878-1903) réaffirma que les textes de la Bible « [avaient] été écrits sous l’inspiration du Saint-Esprit et [avaient] ainsi Dieu pour auteur ».
Il faut attendre le pape Pie XII dans son encyclique Humani Generis (1950) pour que la position de l’Église s’assouplisse. Pie XII a affirmé qu’il n’y avait pas d’opposition entre la théorie de l’évolution et « la doctrine de la foi sur l’homme et sa vocation ». Il a écrit que les premiers chapitres de la Genèse « décrivent de façon populaire l’origine du genre humain et celle du peuple élu ». Il affirme aussi que ces récits appartiennent au genre historique. Pie XII ouvre des portes, mais il en tient d’autres fermées.
« Il convient de bien délimiter le sens propre de l’Écriture, en écartant des interprétations indues qui lui font dire ce qu’il n’est pas dans son intention de dire. » (Jean-Paul II)
Le pape Jean-Paul II, dans un discours prononcé à l’Académie des sciences, au Vatican le 22 octobre 1996, a affirmé que le pape Pie XII « considérait l’évolutionnisme comme une hypothèse sérieuse, digne d’une investigation et d’une réflexion approfondie ». Jean-Paul II va un plus loin en affirmant :
« Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou provoquée des résultats des travaux menés indépendamment les uns des autres, constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie. »
Jean-Paul II explique que la théorie de l’évolution ne propose pas une solution pour expliquer l’âme humaine. Le moment du passage au spirituel n’est pas l’objet d’une explication scientifique. Il fait ici appel à l’intervention divine. L’Église reconnaît aujourd’hui que le livre de la Genèse n’est pas l’histoire des débuts de l’humanité. Ce livre donne plutôt un enseignement sur le sens de la Création et sur le modèle de relation qui existe entre l’humanité et Dieu.