21h
Une dernière clope avant de me coucher.
Une épaisse fumée envahit ma trachée,
Me brûle le larynx à m’en faire cracher.
Réussirai-je un jour du tabac décrocher ?
Vais me brosser les dents, vais me laver les mains
Pour enlever l’odeur, un paraître plus sain.
Peut-être un tilleul miel pour me calmer les nerfs,
M’aider à me détendre, à ne pas trop m’en faire.
Car l’endormissement provoque la panique,
L’idée de l’insomnie me tiraille et me pique.
Tous les soirs c’est pareil, peur de ne pas dormir,
Alors je gratte un peu, moutons en point de mire.
Nul Théralène avant minuit bien sonné.
Il n’est que vingt-et-une heure et quelques passés.
Quand Morphée viendra-t-il me prendre dans ses bras ?
Pour cette nuit au moins. Tous les soirs ce mantra.
Quand Morphée viendra-t-il me prendre pour toujours ?
Saurais-je l’accueillir sans crier au secours ?
22h
Vingt-deux heures et je n’ai pas su tenir le coup.
Une autre cigarette inhalée par à coups.
Ça y est je suis au lit, xeroquel, imovane.
Mais je sais déjà que vil Morphée se pavane
Et se moque de moi. Traitement obsolète
Qui ne fait plus effet et me prend trop la tête.
Je baille pourtant mais le sommeil ne vient pas.
Le marchand de sable sera dans de beaux draps,
Si je le chope un jour, je l’engueule à outrance.
Ce con n’a pas le droit de prendre des vacances.
23h
Il est vingt-trois heures et je ne dors toujours pas.
Mauvaise stratégie qui un jour me tuera.
Je donnerai très cher pour quelques gouttes roses.
Mes proches refusent, ont peur de l’overdose.
Vingt gouttelettes qui me feront bien sombrer,
Je n’suis plus à ça près, veux simplement ronfler
Paisiblement plutôt que de surcogiter.
Je rallume la lampe, afin d’écrire et dire
A quel point peux souffrir de ne pas m’endormir.
Petite je me racontais de belles histoires.
Désormais j’ai grandi, appréhende le soir.
Les césures dégueu, c’est un mauvais poème,
Mais crayon, mon ami, gribouille un écrit blême.
Je n’ai pas le talent pour écrire un recueil,
Mais cahier, mon ami, de mes mots un accueil
Sans jugement tu fais. Encore tant de choses
Que je pourrais te dire, avec toi c’est si rose.
Tu ne me parles pas, ne régurgite pas
Mes pensées torturées, depuis longtemps déjà.
En toi pleine confiance pour garder mes secrets,
Mes états d’âme tristes et mes si grands regrets.
0h
Il est bientôt minuit, je veux mon Théralène.
Fuck les docteurs, je veux le sentir dans mes veines.
Alourdir mon corps léger, me sentir plonger
Dans un profond sommeil, en tout’ sécurité.
De pauvres rimes, c’est l’overdose d’écriture.
Mon quinzième poème alors ça devient dur
D’être bien inspirée. Où sont les jeux de mots ?
Zéro image. Un poème qui craint. Rameau
D’olivier pour ce con de marchand de sable.
J’espère un petit peu qu’il se sente coupable
De m’abandonner ainsi en pleine tourmente.
Je veux dormir putain, tant pis si on me hante
De rêves et de « chemars » « chelou », juste un repos.
Je ne fais pas ma « bitch », n’en demande pas trop.