Pour découvrir la vérité, il est d’abord nécessaire d’être libéré des conflits habituels qui ont lieu à la fois dans l’individu et entre lui et le monde extérieur. Lorsque nous ne sommes plus en état de conflit intérieurement, nous ne le sommes plus extérieurement. C’est le conflit intérieur qui, projeté à l’extérieur, devient mondial.
La guerre est la projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne. C’est un précipité de nos vies de tous les jours. Et sans une transformation de nous-mêmes il y aura forcément toujours des antagonismes nationaux et raciaux, de puériles querelles idéologiques, une multiplication de soldats, les saluts aux drapeaux et les brutalités sans nombre qui concourent à créer le meurtre organisé. L’éducation dans le monde entier a fait faillite, elle a produit des destructions et des misères de plus en plus grandes. Les gouvernements sont en train de dresser les jeunes à devenir les soldats et les techniciens dont ils ont besoin ; l’enrégimentement et les préjugés sont imposés et entretenus. Prenant ces faits en considération, nous devons nous interroger sur le sens de l’existence, ainsi que sur la signification et le but de nos vies. Il nous faut découvrir des moyens bénéfiques pour créer un nouveau milieu ; car le milieu peut faire de l’enfant une brute, un spécialiste insensible, ou l’aider à devenir un être humain sensible. Il nous faut créer un gouvernement mondial qui sera radicalement différent de tous ceux que nous avons, qui ne sera pas basé sur le nationalisme, sur des idéologies, sur la force.
Tout cela exige que nous comprenions notre responsabilité les uns envers les autres, dans nos relations mutuelles. Il faut de l’amour dans nos coeurs ; nous n’avons pas besoin de tant d’érudition et de savoir. Plus grand sera notre amour, plus profonde sera son influence sur la société. Mais nous sommes tout cerveau et privés de coeur ; nous cultivons l’intellect et méprisons l’humilité. Si nous aimions réellement nos enfants, nous voudrions les sauver et les protéger, nous ne permettrions pas qu’ils soient sacrifiés dans des guerres.
Je crois qu’en réalité nous voulons des armes ; nous aimons le spectacle de la force militaire, les uniformes, les rituels, les boissons, le bruit, la violence. Notre vie quotidienne est le reflet en miniature de cette même brutalité superficielle et nous nous détruisons les uns les autres par envie et irréflexion.
Nous voulons être riches ; et plus nous le sommes, plus nous devenons brutaux, même lorsqu’il nous arrive de donner de grosses sommes d’argent à des oeuvres de charité et d’éducation. Ayant volé la victime, nous lui rendons un petit peu du butin et appelons cela de la philanthropie. Je ne sais pas si nous nous rendons compte des catastrophes que nous préparons