@Cami: haha Hume aussi a critiqué l'explicativité scientifique, comme quoi, ils sont tous aussi fous les uns que les autres

SansTitre a écrit:

.:: CàmisOle ::. a écrit:

Merci ! Je lis ça dans la semaine car j'ai plein d'articles que j'ai mis de côté à lire et j'aimerais bien avancé un peu dans Le règne d'ici ce soir car pas sûr que j'aurai le temps de m'y remettre avant le week-end prochain et que chaque chapitre est vraiment une claque.

Au passage je partage ce site sur lequel je suis tombé récemment et qui est vraiment pas mal ; ça va de Plotin à Guénon, en passant par Saint Thomas d'Acquin, Jacob Boehme, Ibn Khaldoun etc :

http://sophia.free-h.net

Par contre, certaines traductions laissent à désirer, notamment certains textes de Coomaraswany qui me semblent très mal traduits mais globalement, il y a pas mal de choses intéressantes.

On dirait que c'est surtout la personne qui tient le site qui a fait des fautes.

"Mais il est clair que ces prétentions ne sont que des préventions [...] Des artistes différents sont inspirés par des objets différents ; ce qui attire ou stimule l’un, déprime ou repousse l’autre, et le choix varie de racé à race et d’époque à époque. De même aussi pour l’appréciation, caries hommes n’admirent généralement que les œuvres auxquelles ils ont été prédisposés par leur éducation ou leur tempérament. "

Par exemple là en gras tu comprends bien que c'est juste des fautes de frappe, préventions au lieu de prétentions, racé au lieu de race, caries au lieu de car les.
Sinon je lirai ce texte demain, la question m'intéresse énormément mais là je suis crevé.

Bien vu. D'ailleurs j'avais pensé à toi quand j'ai découvert Coomaraswany car il a beaucoup écrit sur l'art sacré oriental. Mais au-delà des fautes, je trouve le style un peu bizarre par rapport à certains textes traduits que j'avais lu de lui, j'ai l'impression qu'il y a un côté un peu simpliste dans la forme employée mais c'est peut-être dû au fait que la forme des autres extraits que j'ai lu était trop sophistiquée en quelque sorte.

Sinon j'ai eu le temps de lire le texte d'Iqbal, c'est très beau !

Le texte de Coomaraswany je suis plutôt d'accord dans l'ensemble. Et finalement le plus intéressant c'est cette citation (sublime) : "Pour voir la beauté de Lailâ, il est nécessaire d’avoir les yeux de Majnûn".

Après ça m'intéresse d'avoir d'autres de ses textes sur l'art si t'as ça.

J'ai tilté sur la même phrase.

Pour ses autres écrits j'ai rien sous la main. Il a écrit pas mal de livres sur le sujet mais je suis pas certain qu'ils aient tous été traduits en français ; je te laisse chercher car c'est un vaste sujet et je peux pas mieux savoir que toi ce qui est le plus susceptible de t'intéresser dans tout ce qu'il a écrit sur l'art

La Transformation de la nature en art ça a l'air bien. Par contre https://www.amazon.fr/gp/offer-listing/282510499X/ref=tmm_pap_used_olp_sr?ie=UTF8&condition=used&qid=&sr=
Sinon outre ses écrits sur l'art, Hindouisme et Bouddhisme ça a l'air pas mal aussi, t'as lu ou pas ?

Haha le prix. Je n'ai rien lu de lui à part des extraits de ses livres, des articles et des correspondances, notamment avec Guénon. J'ai juste survolé La signification de la mort mais je l'ai pas encore lu vraiment.

Pour Hindouisme et bouddhisme, je ne l'ai pas lu, je sais juste qu'il est considéré comme plutôt pointu par certains et qu'une partie du travail de Coomaraswany a servi à Guénon pour mettre en lumière les correspondances entre les doctrines orientales et les doctrines d'autres origines, qui découlent toutes d'une tradition originelle : la Tradition primordiale.

La fameuse philosophia perennis.

Dernière page du Règne qui m'a un peu rappelé ces histoires de relativité :

« Nous sommes ainsi ramenés à la considération du double aspect « bénéfique » et « maléfique » sous lequel se présente la marche même du monde, en tant que manifestation cyclique, et qui est vraiment la « clef » de toute explication traditionnelle des conditions dans lesquelles se développe cette manifestation, surtout quand on l’envisage, comme nous l’avons fait ici, dans la période qui mène directement à sa fin. D’un côté, si l’on prend simplement cette manifestation en elle-même, sans la rapporter à un ensemble plus vaste, sa marche tout entière, du commencement à la fin, est évidemment une « descente » ou une « dégradation » progressive, et c’est là ce qu’on peut appeler son sens « maléfique » ; mais, d’un autre côté, cette même manifestation, replacée dans l’ensemble dont elle fait partie, produit des résultats qui ont une valeur réellement « positive » dans l’existence universelle, et il faut que son développement se poursuive jusqu’au bout, y compris celui des possibilités inférieures de l’« âge sombre », pour que l’« intégration » de ces résultats soit possible et devienne le principe immédiat d’un autre cycle de manifestation, et c’est là ce qui constitue son sens « bénéfique ». Il en est encore ainsi quand on considère la fin même du cycle : au point de vue particulier de ce qui doit alors être détruit, parce que sa manifestation est achevée et comme épuisée, cette fin est naturellement « catastrophique », au sens étymologique où ce mot évoque l’idée d’une « chute » soudaine et irrémédiable ; mais, d’autre part, au point de vue où la manifestation, en disparaissant comme telle, se trouve ramenée à son principe dans tout ce qu’elle a d’existence positive, cette même fin apparaît au contraire comme le « redressement » par lequel, ainsi que nous l’avons dit, toutes choses sont non moins soudainement rétablies dans leur « état primordial ». Ceci peut d’ailleurs s’appliquer analogiquement à tous les degrés, qu’il s’agisse d’un être ou d’un monde : c’est toujours, en somme, le point de vue partiel qui est « maléfique », et le point de vue total, ou relativement tel par rapport au premier, qui est « bénéfique », parce que tous les désordres possibles ne sont tels qu’en tant qu’on les envisage en eux-mêmes et « séparativement », et que ces désordres partiels s’effacent entièrement devant l’ordre total dans lequel ils rentrent finalement, et dont, dépouillés de leur aspect « négatif », ils sont des éléments constitutifs au même titre que toute autre chose ; en définitive, il n’y a de « maléfique » que la limitation qui conditionne nécessairement toute existence contingente, et cette limitation n’a elle-même en réalité qu’une existence purement négative. Nous avons parlé tout d’abord comme si les deux points de vue « bénéfique » et « maléfique » étaient en quelque sorte symétriques ; mais il est facile de comprendre qu’il n’en est rien, et que le second n’exprime que quelque chose d’instable et de transitoire, tandis que ce que représente le premier a seul un caractère permanent et définitif, de sorte que l’aspect « bénéfique » ne peut pas ne pas l’emporter finalement, alors que l’aspect « maléfique » s’évanouit entièrement, parce que, au fond, il n’était qu’une illusion inhérente à la « séparativité ». Seulement, à vrai dire, on ne peut plus alors parler proprement de « bénéfique », non plus que de « maléfique », en tant que ces deux termes sont essentiellement corrélatifs et marquent une opposition qui n’existe plus, car, comme toute opposition, elle appartient exclusivement à un certain domaine relatif et limité ; dès qu’elle est dépassée, il y a simplement ce qui est, et qui ne peut pas ne pas être, ni être autre que ce qu’il est ; et c’est ainsi que, si l’on veut aller jusqu’à la réalité de l’ordre le plus profond, on peut dire en toute rigueur que la « fin d’un monde » n’est jamais et ne peut jamais être autre chose que la fin d’une illusion. »

Superbe. Je le chope dès que j'ai les sous, je l'attends au tournant Haha je te tiens au courant !

Yes, j'attends ça ! J'ai déjà une idée assez précise de ce qui va te plaire et de ce qui va t'inspirer une certaine réserve haha

Encore mieux !

Haha ! Par contre je connais pas ta méthode de lecture, j'imagine que ça dépend de la nature de ce que tu lis et si ça demande un effort de compréhension particulier ou pas mais, en tout cas la dernière partie du livre (le dernier tiers plus particulièrement) est assez redondante et je trouve qu'il exagère un peu sur la critique du monde moderne avec ses fameuses tournure de phrases : " qui est un trait propre à l'esprit moderne ", " qui rappelons-le, est une déviation spécifique à la mentalité moderne " etc haha, c'est vraiment excessif dans certains chapitres, tu verras ; donc pour en revenir à ce que je disais en premier lieu, si tu le lis d'une traite ou même de deux, ce côté redondant risque d'être particulièrement marqué et possiblement gênant (moi ça m'a un peu dérangé en tout cas, même si ça n'a pas gêné ma compréhension).

c'est marrant j'ai évoqué l'Hindouisme et le Bouddhisme de Coomaraswany, et aujourd'hui en me promenant je me suis arrêté pour mater des livres et je l'ai trouvé En plus il était pas cher, 10€
Après je l'ai pas pris parce là j'ai mis un stop à mes achats de livres là, mais j'ai grave hésité.

C'était quelle édition ? Car il coûte 8€ et quelques en Folio essais ; après je sais pas si y a une différence de contenu réelle entre les éditions concernant Coomaraswany précisément

Je sais plus, c'était un nrf je crois, en tout cas c'était plutôt vieux. Mais en fait je suis con j'avais en tête le prix de La Transformation de la nature en art qui est trouvable dans les 100/300€, donc finalement sur le net ça me serait revenu moins cher j'ai bien fait de pas le prendre.

"56. Or cette liaison ou cet accommodement de toutes les choses créées à
chacune et de chacune à toutes les autres, fait que chaque substance simple a
des rapports qui expriment toutes les autres, et qu’elle est par conséquent un
miroir vivant perpétuel de l’univers (§ 130, 360).

57. Et, comme une même ville regardée de différents côtés paraît tout
autre, et est comme multipliée perspectivement ; il arrive de même, que par la
multitude infinie des substances simples, il y a comme autant de différents
univers, qui ne sont pourtant que les perspectives d’un seul selon les différents
points de vue de chaque Monade."

La Monadologie de Leibnitz

C'est pas très sympa de narguer Shotgun

Tu l'as en version papier ?

Y'a un peu la même idée dans le Discours de métaphysique (normal cela dit puisque les deux textes sont pareillement constitués):

"De plus, toute substance est comme un monde entier et comme un miroir de Dieu ou bien de tout l'univers, qu'elle exprime chacune à sa façon, à peu près comme un même ville diversement représentée selon les différentes situations de celui qui la regarde. Ainsi, l'univers est en quelque façon multiplié autant de fois qu'il y a de substances, et la gloire de Dieu est redoublée de même par autant de représentations toute différentes de son ouvrage. On peut même dire que toute substance porte en quelque façon le caractère de la sagesse infinie et de la toute-puissance de Dieu, et l'imite autant qu'elle en est susceptible. Car elle exprime, quoique confusément, tout ce qui arrive dans l'univers passé, présent ou avenir, ce qui a une ressemblance à une perception ou une connaissance infinie; et comme toutes les autres substances expriment celle-ci à leur tour, et s'y accommodent, on peut dire qu'elle étend sa puissance sur toute les autres à l'imitation de la toute-puissance du Créateur"

« C’est pour cela [...] que le sage se tient entièrement en dehors de toutes les discussions qui agitent le commun des hommes ; pour lui, en effet, toutes les opinions contraires sont pareillement sans valeur, parce que, du fait même de leur opposition, elles sont toutes également relatives. « Son point de vue à lui, c’est un point d’où ceci et cela, oui et non, paraissent encore non-distingués. Ce point est le pivot de la norme ; c’est le centre immobile d’une circonférence, sur le contour de laquelle roulent toutes les contingences, les distinctions et les individualités ; d’où l’on ne voit qu’un infini, qui n’est ni ceci ni cela, ni oui ni non. Tout voir dans l’unité primordiale non encore différenciée, ou d’une distance telle que tout se fond en un, voilà la vraie intelligence… Ne nous occupons pas de distinguer, mais voyons tout dans l’unité de la norme. Ne discutons pas pour l’emporter, mais employons, avec autrui, le procédé de l’éleveur de singes. Cet homme dit aux singes qu’il élevait : Je vous donnerai trois taros le matin, et quatre le soir. Les singes furent tous mécontents. Alors, dit-il, je vous donnerai quatre taros le matin, et trois le soir. Les singes furent tous contents. Avec l’avantage de les avoir contentés, cet homme ne leur donna en définitive, par jour que les sept taros qu’il leur avait primitivement destinés. Ainsi fait le sage ; il dit oui ou non, pour le bien de la paix, et reste tranquille au centre de la roue universelle, indifférent au sens dans lequel elle tourne ».

.:: CàmisOle ::. a écrit:

C'est pas très sympa de narguer Shotgun

Tu l'as en version papier ?

Non en pdf, c'est assez court en fait.