Je me consume à petits feux.
Je fume et je ne pleure pas que par les yeux.
Ce ras le bol de merde qui me passe par la tête.
Je voudrais tant crever, j’en ai plein la casquette.
Ma propre mère ne me comprend même pas.
Elle n’a jamais rien vu, elle ne sait pas.
Pas à pas, je lui apprends des choses.
Elle ne saura jamais mes états plus moroses.
La vie n’est pas toute rose, ça je le sais.
Mais à la vie, je préfère la pomme empoisonnée.
Je sais que je suis condamnée à mort.
Au jeu de dames, je perds contre plus fort.
Au jeu de la vie, je perds contre les psys.
Si je veux le trépas, je dois prendre une dose massive.
Nul baiser, nul pompier ne pourra m’réveiller.
La belle au bois dormant n’ira pas sautiller.
Mes textes n’sont pas corrects, j’ai honte.
Engoncée dans un corset, loin d’être un ponte.
Je n’assum’rai jamais ces écrits écornés.
Je fumerai mon cahier, fumier, testament erroné.
Mon cœur saigne, j’attends l’Eden avec une telle impatience.
Pour ça que je ne daigne que me faire du mal avec insistance ?
Que va-t-on me donner quand j’sortirai d’l’hospice ?
A quelle mélange m’adonner pour partir ici ?
Je noircis des pages et des pages pour ne dire que d’la merde.
Je s’rai tellement mieux dans une fosse creusée dans l’herbe.
J’ai le blues, des bleus à l’âme.
J’ai envie de chialer, mais elles refusent de couleur ces foutues larmes.
Ça n’arrive que quand je me fais du mal.
Qu’on m’enferme dans une cage, comme un fichu animal.
Sans conscience, sans humanité, sans complexité.
Qu’on m’euthanasie à coups de fléchettes intoxiquées.
Je m’exprime pas par le graff mais par la graphie.
Les lignes au graphite aussi percutantes qu’un coup droit de Graf Steffi.
C’est l’ancienne génération et moi je suis la relève.
Les écrits génériques peu pour moi que tout le monde se lève.
C’est la crise, c’est morose et moi j’suis suicidaire.
Fais risette, la vie en rose, marre de sucer ces chimères.
J’veux pas d’enterrement, j’veux plus d’entrainements.
Qu’on m’incinère, après une bonne séance d’échauffement.
J’écris trop, j’ressasse trop et j’veux pas d’micro.
J’ai plus l’temps, j’ai plus la dalle, j’ai plus les crocs.
J’avais envie d’m’en sortir, aujourd’hui je n’sais plus.
J’ai gratté des lettres d’adieu à ceux que j’ai connu et qui m’ont soutenue.
Bientôt plus de pages dans ce cahier.
C’est pas pour ça que j’vais la tourner et arrêter d’gratter.
Mes textes mégalos qui respirent le mal-être.
J’suis complexe et j’galope, je rue et m’envoie m’faire paître.
Va voir ailleurs, ad patres, paradis ou enfer ?
J’crois en rien sur l’après, à part en un sommeil de fer.