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 qu'est ce que le suicide/ joie de vivre

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Halogène

qu'est ce que le suicide/ joie de vivre Barred10
Halogène

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Date d'inscription : 07/09/2011

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MessageSujet: qu'est ce que le suicide/ joie de vivre   qu'est ce que le suicide/ joie de vivre EmptyLun 14 Mar 2016 - 23:18


Qu’est donc le suicide ?

Le suicide est l’acte final d’une série de gestes que nous faisons tous plus ou moins selon que nous réagissons contre le milieu ou que le milieu réagit contre nous. Tous les jours nous nous suicidons partiellement. Je me suicide lorsque je consens à demeurer dans un local où le soleil ne pénètre jamais, dans une chambre dont le cube d’air est si restreint que je suis comme étouffé à mon lever.

Je me suicide lorsque je fais des heures d’un travail absorbant une quantité d’énergie que je ne saurais récupérer, ou des heures de travail que je sais inutile.

Je me suicide lorsque je ne contente pas mon estomac par la quantité et la qualité d’aliments qui me sont nécessaires.

Je me suicide chaque fois que je consens à obéir à des hommes et à des lois qui m’oppriment.

Je me suicide lorsque je porte à un individu par le geste du vote le droit de me gouverner pendant quatre ans.

Je me suicide quand je demande la permission d’aimer à maire ou prêtre.

Je me suicide lorsque je ne reprends pas ma liberté d’amant ou d’amante sitôt la période d’amour passée.

Le suicide complet n’est que l’acte final de l’impuissance de réagir contre le milieu. Les actes dont je viens de parler sont des suicides partiels, ils n’en sont pas moins des suicides. C’est parce que je n’ai pas la force de réagir contre la société que j’habite un local sans soleil ou sans air, que je ne mange pas à ma faim ou à mon goût, que je suis soldat ou électeur, que j’acoquine mon amour à des lois ou des durées. Les ouvriers, tous les jours, suicident leur cerveau en le laissant dans l’inaction, en ne le faisant pas vivre, comme ils suicident en eux les goûts de peinture, de sculpture, de musique à la satisfaction desquels tendent nos individus en réaction contre la cacophonie qui les entoure.

Il ne saurait être question, à propos du suicide, de droit ou de devoir, de lâcheté ou de courage : c’est un problème purement matériel de puissance ou de non puissance. On entend dire : « Le suicide est un droit chez l’homme lorsqu’il constitue un besoin. - On ne peut enlever aux prolétaires ce droit de vie et de mort ». Droit!?! Besoin!?! Comment peut-on causer de son droit de ne respirer qu’à moitié, c’est-à-dire de suicider une grande partie de molécules favorables à sa santé au profit de molécules défavorables; de son droit d’obéir, c’est-à-dire de suicider sa volonté; de son droit d’aimer toujours une telle femme désignée par la loi ou choisie par le désir d’une époque, c’est-à-dire de suicider tous les désirs d’une époque à venir?

il ne me vient pas à l’idée de condamner ces suicides partiels pas plus que le suicide définitif, mais je trouve douloureusement comique d’appeler droit ou besoin cet effacement du faible devant le fort sans avoir tout essayé. Ce ne sont que des excuses données à soi-même. Tous les suicides sont des imbécillités, le suicide total plus que les autres, puisque dans les premiers on peut avoir l’idée de se reprendre. Il semble qu’arrivée l’heure de la disparition de l’individu, toute l’énergie pourrait se condenser en un seul point pour tâcher de réagir contre le milieu, même dans l’aléa de un pour mille d’échouer dans cet effort. Cela semble encore plus nécessaire et naturel pour peu qu’on laisse des personnes affectionnées derrière soi. Pour cette portion de soi, cette part d’énergie vous subsistant, ne peut-on tenter une gigantesque lutte où, quelque inégal que soit le combat, le colosse Autorité est toujours ébranlé ? La crainte de la mort - de la disparition complète de sa forme humaine - rejetée, on peut engager la lutte avec d’autant plus de force. (…)

« Alors, diront-ils, nous ne partirons qu’à notre heure, et notre heure, c’est dès maintenant. » Oui, mais parce qu’ils envisagent leur défaite à l’avance; résignés ils n’ont pas développé leurs tissus en vue de la résistance, ils n’ont pas fait d’effort pour réagir contre l’enlisement sale du milieu. Inconscients de leur beauté, de leur force, ils ajoutent à la force objective de l’obstacle toute la force subjective de leur acceptation.

Comme les résignés aux suicides partiels, ils se résignent au grand suicide. Ils sont mangés par le milieu avide de leur chair, désireux d’écraser toute énergie qui promet. Leur erreur est de croire disparaître par leur volonté, de choisir leur heure, alors qu’ils meurent écrasés impitoyablement par la canaillerie des uns, la veulerie des autres.

Dans un local infecté par les germes mauvais du typhus, de la tuberculose, je ne songe pas à me faire disparaître pour éviter la maladie, mais bien plutôt à y faire entrer le jour et à y jeter un désinfectant sans crainte de tuer des milliers de microbes. Dans la société actuelle empuantie par les ordures conventionnelles de propriété, de patrie, de religion, de famille, par l’ignorance, écrasé par les forces gouvernementales et l’inertie des gouvernés, je ne veux pas non plus disparaître mais y faire entrer le soleil de la vérité, y jeter un désinfectant, la purifier par n’importe quel moyen.

Même après la mort, j’aurais encore le désir de changer mon corps en phénol ou en picrate pour assainir l’humanité. Et si je suis écrasé dans cet effort, je ne me serai pas effacé, j’aurai réagi contre le milieu, j’aurai vécu peu mais intensément, j’aurai peut-être ouvert la brèche par où passeront des énergies pareilles à la mienne. Non la vie n’est pas mauvaise, mais les conditions dans lesquelles nous la vivons. Donc ne nous en prenons pas à elle, mais à ces conditions : changeons-les. il faut vivre, désirer vivre encore plus. N’acceptons même plus de suicides partiels.

Soyons désireux de connaître toutes les jouissances, tous les bonheurs, toutes les sensations. Ne soyons résignés à aucune diminution de notre moi. Soyons les affamés de vie que les désirs font sortir de la turpitude, de la veulerie et assimilons la terre à notre idéal de beauté. Que nos vouloirs s’unissent, magnifiques, et enfin nous connaîtrons la joie de vivre en son absolu.
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MessageSujet: Re: qu'est ce que le suicide/ joie de vivre   qu'est ce que le suicide/ joie de vivre EmptyMar 15 Mar 2016 - 6:10

qu'est ce que le suicide/ joie de vivre Ok
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N.B

qu'est ce que le suicide/ joie de vivre Barreb10
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MessageSujet: Re: qu'est ce que le suicide/ joie de vivre   qu'est ce que le suicide/ joie de vivre EmptyMer 16 Mar 2016 - 5:56

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