En même temps, c'est nécessairement lié, l'importance que l'on porte au jugement des autres, d'avec la possibilité pour les autres de nous nuire. Car si nous dépendons des autres, alors, leur jugement sur nous même est primordial, puisque c'est d'eux que va découler les conditions de notre vie.
On ne peut donc faire l'économie de cette question: pourquoi, pourquoi le jugement d'autrui peut il prendre une si grande importance? Si les gens n'avaient rien à perdre, indéniablement, il serait indifférents au jugement d'autrui autant qu'ils le seraient en voyant une vache dans un pré.
Si l'enfer ce n'est pas notre rapport direct à l'autre, mais plutôt l'importance que nous donnons au jugement des autres sur nous mêmes, il n'en reste pas moins que selon notre position dans la société, c'est bien le jugement des autres sur nous mêmes qui va conditionner les éléments déterminants d'une vie. Ainsi, seul celui qui ne dépendrait de personne dans la vie pour se nourrir, pour se loger et pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, pourrait faire fi du jugement que les autres porte sur lui, et de fait, ne pas les tenir pour importants.
Le cas du racisme par exemple. Un individu peut se moquer du jugement d'autrui sur lui même, mais quoi qu'il en soit, il va galérer à trouver du travail......alors bien sûr dans ce cas là il n'y a pas grand chose à faire de soi-même, c'est surtout la société qui doit changer. Mais si vous prenez par exemple le mécanisme de la mode, être comme l'autre, c'est ne pas être jugé, c'est être accepté, ne pas être comme l'autre, c'est être jugé et éventuellement rejeté. Ici donc, tenir compte du jugement des autres, c'est s'adapter en conséquence, et donc être mieux accepté...mais c'est aussi perdre en liberté.
La question qui suit tout bien, c'est de savoir si nous avons toujours le luxe de la liberté, ou encore, s'il est légitime de prétendre qu'il vaut mieux être libre et pauvre qu'esclave mais peinard. Ainsi, celui que la pauvreté torture, peut être a t-il moins à perdre à être esclave que libre, celui pour qui la liberté compte plus a peu être moins à perdre en étant pauvre et marginalisé, qu'esclave. Question d'appréciation personnelle et sans doute aussi de ressenti personnel.
Cela dit, à l'image de la chanson de Stromae, l'idée qu'être différent est une qualité plus qu'un défaut fait son chemin, peut être qu'alors, dans un futur plus ou moins proche, ce sera le mimétisme qui sera jugé ringard, et la différence qui aura tous les honneurs.
Tout dépend du milieu dans lequel on vit et de la capacité d'acceptation des autres autour de nous.
Après, il y a aussi le jugement à priori et à postériori. Il arrive que ce soit nous qui imaginons des jugements sur nous mêmes, sans pour autant qu'il en soit ainsi dans la réalité. Et pourtant, une telle impression a un impact réel sur notre pensée et notre comportement. Mais malgré cela, il y a quand même une tendance assez généralisée au jugement en tout genre, ce qui pourrait expliquer cette sorte de paranoïa au jugement assez collective qui produit une hantise dans l'esprit du plus grande nombre, de mon point de vue, elle se justifie au regard de la réalité.