Belladone, fille de la nature et épouse du désir, je sens le parfum de tes fleurs que transporte le vent. Belle dame, grande et élégante, je suis toujours ému quand vient le jour de ta renaissance. Don fait aux femmes ainsi qu'aux hommes, belladone tu es la coquetterie dans l'oeil qu'on se plaît à voir et à avoir. Qu'importe les mythes à ton sujet, tu es magique je le sais, pas pour le poison de tes fruits, mais tu existas un jour pour les mêmes raisons que moi ; le regard d'une femme.

Sainte Hildegarde nous en avait bien gardé pourtant :"il est dangereux pour l'homme de manger ou de boire de la belle dame car elle frappe son esprit et en quelque sorte le tue". Frappe donc mon esprit, quelle mort plus douce que celle qui me permet de dévorer ton bouton noir? Je le dirai à qui veut l'entendre, qu'aucun met ne vaut la cerise du diable. Si dans mes bras se tient la belle dame, je me laisserai coucher dans l'herbe empoisonnée. Du poison le plus mortel naît souvent la plus douce des médecines.

Belladonna, dans ta Comté tu n'avais que faire de telles passions. En bonne fille du Vieux Touque, tu grandissais innocemment au milieu des vertes collines de ton pays natal. Pourtant, tu as su séduire le bougon Sacquet, et de ton corps il goûta à l'atropine de l'amour. Et toi aussi, l'éclosion d'une fleur attire toujours les abeilles. Belladonna, déracinée de ton trou te voici maintenant fleurissante dans Cul-de-Sac qu'on creusa en ton honneur. Le temps et l'amour consommeront tendrement ton corps, duquel jaillira un jour les pétales de ton fils. Bilbon.

Dans un trou vivait un hobbit.