voici un sujet qui me pose question depuis longtemps, notamment dans le cadre de mon administration du forum!
j'ai récemment publié quelque chose sur facebook concernant l'ouverture du mariage et de l'adoption pour les couples de même sexe, et il se trouve que j'ai eu droit à des réactions assez violentes qui m'ont franchement heurtées, et qui ont ajouté à mes interrogations... voici ce que j'en ai dit :
"les propos tenus étaient facilement reconnaissables comme agressifs et probablement condamnables légalement ; en tout cas, ils étaient choquants par leur fond pour ceux qui partagent mon avis et ma sensibilité concernant l'homosexualité, mais sans doute d'autant plus par leur forme, et de manière peut-être assez unanime ! or, en ce sens, je dirais qu'ils avaient le mérite d'être sincères dans leur violence, et que de ce fait, il était nettement plus facile de les exclure... mais est-ce que, pour prendre un autre exemple, l'on doit condamner quelqu'un qui dirait "les nègres sont d'une race inférieure aux blancs ; revenons-en à l'esclavage, ou au moins à l'apartheid !" + rudement que quelqu'un qui prend le soin d'envelopper son discours ainsi : "je crois que, biologiquement, les personnes de couleur ont des caractéristiques qui sont différentes de celles des blancs, et qu'ainsi, la pigmentation cutanée doit entrer en ligne de compte dans la répartition des terres, des travaux et des droits"... ?
d'ailleurs, même si la loi a tranché et qu'il est peut-être sage de s'y soumettre, je m'interroge vraiment sur la légitimité morale et même sur l'efficacité de l'interdiction de quelque propos (et je parle uniquement de propos) que ce soit, dans le cadre d'un débat... car :
1) peut-on parler de diffamation ou d'insulte dans le domaine des idées et de l'expression d'une opinion ? de diffamation si l'on considère que nulle vérité n'est établie définitivement ? d'insulte si, pour la personne, il s'agit de propos aussi justifiés que si de mon côté je traitais un nazi d'enfoiré ? pour régler le problème de l'injure, on pourrait éventuellement interdire l’emploi de certains termes clairement connotés comme tels… mais est-ce par la forme que l’on injurie ou par le fond ? est-ce que le fait de subjectiviser des propos enlève à leur dangerosité ?
2) n'est-ce pas nier une réalité que d'empêcher ceux qui pensent ce que l'on considère comme étant (et à mes yeux à juste titre, là n'est pas le débat) des horreurs, de s'exprimer librement ? ne vaut-il pas mieux que les gens soient avertis de ce qui peut se construire comme idéologie, quand bien même cela serait susceptible de les blesser ?
3) enfin, n'est-ce pas encourager ces pensées et leur diffusion souterraine que d’empêcher leur expression ? n’est-ce pas laisser croire aux censurés qu’ils dérangent, et que s’ils dérangent, c’est parce qu’ils disent la vérité ? n’est-ce pas user d’une forme de « loi du plus fort » (en sachant que dans certains pays et même, plus largement, milieux, ce ne sont pas les propos homophobes qui sont punis mais au contraire les propos défendant l’homosexualité) ? censurer les propos, est-ce vraiment combattre les idées, et ne combat-on pas mieux par la confrontation de la parole ?
ces questions ne sont pas des questions rhétoriques auxquelles j’aurais déjà répondu ou en tout cas, desquelles les réponses que j’apporte peut-être me dicteraient une conduite dont je sois certaine ! j’imagine que si la censure existe partout à ma connaissance dans les lois, c’est qu’en réalité, pour gouverner, il faut nécessairement porter un projet, une idéologie, et ce avec une totale foi et conviction… et qu’il y a donc des notions de bien et de mal, peut-être même de vrai et faux, établies en ce qui concerne les propos que l’on peut tenir… or, cette foi et cette conviction totales, cette confiance en ses propres idées pourrait être ce qui me manque et m’empêche donc de me donner le droit de censurer qui que ce soit ! j’ajouterais qu’il y a aussi une question de conséquences des propos ; peut-être que finalement, même si la censure encourage à mon avis les individus qui en sont la cible à se conforter dans leur opinion et n’empêche pas la diffusion de certaines idées en leur ajoutant un certain crédit, elle est plus efficace contre la violence que pourrait engendrer de tels propos qu’une banalisation des thèses combattues… "
voilà... vous comprendrez que je ne tranche pas vraiment sur la question, que je suis tentée de laisser trancher la loi pour moi mais que moralement je m'interroge vraiment sur la pratique de la censure et que de ce fait, j'ai tendance à laisser une totale liberté d'expression aux gens dans les faits...
qu'en pensez-vous ? libre à vous de prendre en compte les questions que je pose...