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Les athées honnis d’Amérique
Rédigé par JX dans Featured Articles, Politique le 9 nov 2009
Il y a tout juste un an, Barack Obama devenait le second « non-WHASP » président des Etats-Unis, quarante-huit ans après le Catholique John Fitzgerald Kennedy. Le même jour, le Démocrate Pete Stark remportait l’élection au poste de Représentant du 13ème District de Californie. Une élection historique à sa façon elle-aussi, puisqu’il s’agit du premier athée proclamé à siéger au Congrès des Etats-Unis. Dans un pays où la devise est « In God we trust », l’athéisme est en effet toujours l’objet d’une immense méfiance sociale, bien qu’il soit en hausse constante.
Un premier « coming-out » religieux à la Chambre des Représentants
Il y a vingt ans, George Bush père, alors vice-président des Etats-Unis et candidat des Républicains à la présidence, n’y allait pas par quatre chemins : "Je n’ai pas connaissance que les athées doivent être considérés comme des citoyens, ni comme des patriotes. Nous sommes une nation soumise à Dieu" .
Aux Etats-Unis, se lancer en politique en avouant son athéisme relève encore du suicide électoral. Mais un vieux briscard peut, lui, se le permettre. C’est du moins ce qu’a dû penser Pete Stark : Représentant de Californie au Congrès depuis 1972, il a en effet 75 ans en janvier 2007 lorsqu’il passe aux aveux. Une sortie à mots choisis, ne reniant rien de son vécu religieux, mais en se positionnant avant tout comme soucieux de lutter contre les errements des fondamentalistes (comme en témoigne en 2007 l’ouverture d’un Musée de la Création dans le Kentucky, non loin de Cincinnati) :
“Je suis un Unitarien qui ne croit pas en un Être Suprême. J’ai hâte de travailler avec la Coalition Laïque pour stopper la promotion de croyances religieuses bornées dans les sciences, dans les contrats de mariage, dans le domaine militaire et dans l’offre de services sociaux ».
Alors, « athées risques et périls » ? Courageux, Pete Stark, mais pas téméraire quand même : sa carrière politique est largement derrière lui, et son fief électoral est la région de San Francisco, probablement la plus libérale de tous les Etats-Unis. Ses aveux irréligieux ne l’ont donc pas empêché d’être réélu à la Chambre des Représentants il y a tout juste un an. Néanmoins, ce « coming out » pourrait en appeler d’autres, car il est révélateur d’une tendance qui s’affirme dans les Etats-Unis de ce début de siècle : l’athéisme gagne du terrain.
Une minorité en croissance
La minorité athée est-elle en croissance réelle ou est-elle simplement décomplexée ? Sans doute un peu des deux. Mais la décomplexion est un facteur à prendre en compte quand on parle d’athéisme, les sondés n’étant pas forcément prompts à avouer leur manque d’appétence pour la religion, et préfèrent chanter God Bless America en regardant le sol. Ainsi, les chiffres concernant le nombre d’athées varient-ils sensiblement. Selon les données du Bureau du Recensement Américain de 2009, les « non-affiliés » représentent 16,1% de la population américaine. Le site du Pew Forum (http://religions.pewforum.org/affiliations) nous indique qu’au sein de ces non-affiliés, les athées revendiqués représentent 1,6% de la population totale, les agnostiques 2,4% et les « Rien en particulier » 12,1% (cette dernière partie regroupant apparemment ceux qui n’ont pas de religion, essentiellement « par ignorance » – sic).
